Secrétaire juridique - L'écriture, ce vecteur codé et procédural

Impossible pour elle de s’adresser à sa fiduciaire ou à sa gérance immobilière sans y mettre les formes. Ses courriers sont toujours soignés et habilement rédigés. « Déformation professionnelle », sourit Coralie Bovet. A 29 ans, la Vaudoise a derrière elle près de 10 ans d’expérience en qualité de secrétaire juridique. Et forcément, ça laisse des traces.

« Je ne fais qu’écrire », explique celle qui jongle quotidiennement entre procédures, lettres et courriels. « A force de rédiger certaines choses, les formules viennent automatiquement. Quand j’écris par exemple à mon assurance-maladie pour le remboursement d’une facture, j’ai tendance à utiliser ce langage pompeux !»

Les tournures propres au domaine juridique, Coralie Bovet a pourtant dû les apprivoiser sur le tas. « Pendant mon apprentissage, j’étais en cours avec des secrétaires qui ne travaillaient pas forcément dans une étude d’avocat, on était tous mélangés. Les formules, je les ai apprises au quotidien, à force de les utiliser. » Par chance, la jeune fille avait derrière elle des années de lecture et une orthographe à toute épreuve ainsi qu’un vocabulaire richement garni. Une qualité essentielle lorsque l’on passe ses journées à coucher sur le papier des textes dictés par des avocats.

"De la retranscription plus que de l'écriture"

Dans son domaine, absolument tout se fait par écrit et sur un mode très codé : « Lorsqu’on fait une demande de consultation d’un dossier à un tribunal, on doit le faire par écrit. Et si on envoie une requête à une autorité, la partie adverse doit être informée le même jour et de la même façon. » De plus, « les formules de politesse à la fin ne sont pas les mêmes si on s’adresse à un client ou à un procureur ou à un président de tribunal », explique-t-elle. Malgré toutes ces années de pratique, certaines expressions prisées des juristes continuent à la surprendre : « Il y en a une qui me fait toujours sourire, c’est ‘prendre langue’ ! »

Malgré des exercices rédactionnels quotidiens et soutenus, Coralie Bovet ne définit pas ses activités comme relevant de l’essence de l’écriture : « C’est plutôt de la retranscription. Pour moi, écrire, c’est plutôt à la main pour des lettres, des poèmes et des dissertations. Et c’est davantage composer un texte par soi-même, détaille-t-elle. Même lorsque je rédige mes propres courriers, ce sont plutôt des lettres-type. » Frustrant ? « Si je voulais créer des textes par moi-même, il faudrait que je fasse autre chose ! »

Article écrit par Caroline Gebhard